Wednesday, August 20, 2008

please leave a message


Très occupée pour cause de réunion fraternelle, mais (rassurez-vous) ça ne dure que 15 jours.

Wednesday, August 13, 2008

20 things

10 things I’m good at

1. broder – des nounours, des abécédaires, des pivoines… je suis même sûre que je coudrais très bien, si j’avais la motivation pour m’y mettre

2. retenir ce que je lis – et d’ailleurs, retenir les informations d’une manière générale. Oui, je me fiche pas mal de la vie d’Angelina Jolie, je lis juste des magazines où on en parle

3. reconnaître la marque d’un vêtement/accessoire juste en le voyant – même si dans la famille je ne suis sans doute pas la meilleure pour ça, et que je n’arrive pas à faire la différence entre un Kelly et un Birkin (que quelqu’un ranime ma sœur, elle vient de faire un malaise)

4. assortir les vêtements pour les autres – pour moi c’est une autre paire de manches…

5. faire des listes ; la liste de courses, bien sûr, mais aussi celle des livres à lire (commencée au collège), de mes prochains achats, des cadeaux à offrir, des choses que je dois faire, des choses pour lesquelles je suis douée…

6. ranger & trier : mes étagères, mes chaussures, mes papiers, mes petites culottes par couleur, mes livres par auteurs et collections (ou alors par largeur et hauteur ?)

7. l’orthographe et la grammaire – tant que je me relis, je ne fais jamais de fautes

8.
9.
10.


10 things I’m bad at

1. choisir des vêtements – en général, je finis toujours par porter un truc noir et passe-partout

2. acheter – des livres, des vêtements, des bijoux, du maquillage (ça fait 2 mois que j’hésite à acheter un nouveau mascara)

3. l’électronique – analogique ou numérique. Ça fait deux jours que je cherche le nom du truc qu’on représente par un triangle avec une entrée +, une entrée – et une sortie, et incapable de le retrouver !

4. rester calme avec M. – à chaque vacance, je me dis que je ferais des efforts, et ça ne marche jamais

5. être chaleureuse – pas de surnom, merci. Non, ne me touche pas, et reste à 5 pas, merci. C’est ça oui, parce que ça fait 5 minutes qu’on se connaît.

6. chanter – même les berceuses. Je n’ai absolument pas l’oreille musicale, et je suis incapable de reproduire une mélodie

7. .
8. .
9. .
10. .
Pour le reste, je vous laisse compléter – présentement je n’ai rien d’autre qui me vient à l’esprit.

Monday, August 11, 2008

le coeur a ses raisons...

Chaque fois que je rentre dans une librairie, il m’arrive un truc bizarre : je n’ose pas acheter de livres. Je sais très bien ce que je voudrais acheter, j’ai du commencer à faire la liste de tous les livres, vieux ou neufs, que je voulais lire en 4ème. J’erre dans les rayons en lisant les résumés, et j’ai l’impression d’être une grand-mère qui vient de vider son matelas et cherche à investir dans un placement sûr et rentable. Je suis toujours en train de me demander si ce livre sera bien, si j’aurai envie de le relire, si je ne devrai pas plutôt attendre qu’il sorte en poche. Soit dit en passant, si j’avais fait comme ça pour les 3 premiers tomes d’Harry Potter, je ne les aurais jamais acheté.

Donc je rentre dans la librairie, et là je me dis : « tiens, si j’acheté la biographie de Marie-Antoinette par Stephan Zweig, il paraît qu’elle est très bien » (et je veux réellement la lire). Et pendant que ma raison parle dans le vide, mon cœur s’est déjà carapaté au rayon poche, d’où il me hurle « chick lit ! chick lit ! » en dansant sur des couvertures illustrées par Soledad. Je suis donc repartie avec la bio d’Antonia Fraser (y’avait pas celle de Stephan Zweig), et le dernier roman de Sophie Kinsella, « les petits secrets d’Emma ». Vous voyez, je suis une grande fille toute raisonnable.

(et les petits secrets d’Emma sont très bien. Pour Marie-Antoinette, je vous raconte ça dès que je l’ai commencé)

Thursday, August 7, 2008

can't stand her

Donc, tout à l’heure, je regardais des photos de ma période collège, dans un accès de masochisme, quand M. s’est ramenée pour les regarder aussi. Elle montre une photo et me dit : « t’es pas très bien sur la photo ». J’ai failli en tomber de mon bras de fauteuil de surprise, parce que d’habitude elle est plutôt partisane du « meuh si, les lunettes rondes, la coupe carré et l’appareil dentaire t’allaient très bien ». Maos soyez tous rassurés, elle parlait juste de cette photo-là. Moi (va savoir ce qui m’a pris, si ça se trouve je l’ai confondue avec une personne normale pendant ¼ de seconde –grave erreur, on va le voir tout de suite) :

« ouais enfin y’a pas que cette photo.
-mais non qu’est-ce que tu racontes ?
- (soyons patients) au cas où tu l’aurais pas remarqué, mes lunettes étaient très moches et j’étais habillée comme un sac.
- moi je te trouvais toute mignonne. »

Soyons sérieux, je suis sortie de son utérus, la femme me trouverait mignonne même couverte de détritus de la tête au pied. Bref, la voilà qui me sort : « de toute façon, je te rappelle que c’est toi qui décidait comment tu t’habillais ». Ouais, mais deux vêtements moches acheté à Eurodif feront jamais une jolie tenue. Et puis tu vérifies toujours ce que je mets dans ma valise maintenant, alors à d’autre pour tes protestations vertueuses genre « je vous toujours laissé faire ce que vous vouliez niveau vêtements». « et puis si comme moi tu n’avais eu qu’un pull, un pantalon et une jupe, tu ne te plaindrais pas ». Tiens revoilà l’argument imparable, le « j’étais plus malheureuse que toi » ; alors là j’étais quasiment en larmes sur sa pauvre enfance malheureuse, pauvre petite dernière mal-aimée. « et puis on ne t’a jamais jeté de pierres, à ma connaissance ». Erreur, mais ça c’est juste parce que je ne te le racontais, parce que tu m’aurais pas plus aidée à l’époque que maintenant. C’est pas elle qui a du aller au collège avec ses vieilles chaussures sous prétexte qu’on trouvait exactement les mêmes en boutique, et que tous les jours pendant 5 mois tout le monde se foutait de moi parce qu’on aurait dit des chaussures de clown ; et qu’elle a refusé d’en acheter jusqu’à ce que celles-là soient percées, même quand je l’ai suppliée de le faire. J’ai toute une liste d’exemples du même acabit si ça peut la faire taire. Note qu’à ce stade j’ai plus envie de la faire taire à coup d’album photos… Et alors là, sans doute pour conclure la discussion, elle m’a sortie l’argument qui tue : « de toute façon t’étais loin d’être la moins habillée. Il y en avait qui avait l’air de guignol ». De la part d’une femme qui s’est achetée une blouse en acrylique imprimée boubou, je ne sais pas vraiment comment il faut le prendre. Et, comme elle saisit toujours la moindre occasion de développer mon esprit philosophique, elle a fini en me disant « de toute façon, quand on veut tuer son chien on l’accuse de la rage. Médite la-dessus ! ». WTF ? Et deux minutes plus tard elle me racontait ses problèmes de repassage, genre ça m’intéresse trop. Je ne la supporte plus. Sérieusement. Elle est incapable de voir plus loin que le bout de son nez, et de faire un minimum d’efforts pour comprendre ce que t’es en train de lui dire. Merde, ça lui coûterait quoi de dire qu’elle aurait du faire un effort ? tu parles, elle est aussi confite dans ses certitudes d’être parfaite et sans faute que dans sa graisse.

Le seul point positif dans l’histoire, c’est qu’hier, quand j’ai croisé une fille qui était avec moi au collège, je me suis « c’est pas de chance, elle a toujours des yeux globuleux et des cheveux très moches ». Moi au moins je peux regarder les photos du collège et apprécier l’évolution. On fait comme on peut pour tuer le chien, si c’est bien ce que voulait dire M.

Georgia, georgia

Il devient urgent que je quitte cette maison (au moins pour un week-end) ou que quelqu’un (style toi, ma sœur, heureuse désignée volontaire) m’y rejoigne, parce que là c’est plus possible. Tout se ligue pour me rendre la vie impossible. A commencer par le Journal du centre qui a eu la fantastique idée de proposer en avant-première le nouveau tome des Bidochon comme BD de l’été. Sans compter les deux M. (la mienne et la sienne) qui lisent le roman feuilleton et essayent de deviner le dénouement (faut les comprendre, y’a pas eu de feuilleton de l’été sur TF1). Et en plus P. pique des crises parce que, soit disant, il y a des chaussures à moi dans toute la maison (il exagère, en plus : uniquement à la cave, dans l’escalier de la cave, dans le couloir et dans le placard du couloir) ; est-ce que moi je lui fais des remarques comme quoi il a deux paires de mocassins marron ? non, je supporte comme une gentille fille. L’atmosphère ambiante commence à m’atteindre. L’autre jour, on lisait dehors et il y avait deux tourterelles qui roucoulaient sur l’antenne TV en forme de râteau du voisin (déjà, on sent l’anecdote méga-passionnante pointer le bout de son point virgule) ; une des tourterelles s’envole. Commentaire de M. : « tiens, l’autre s’est prise un râteau ». Morts de rire, on était. Il faut absolument que je fasse qqch pour remédier à cette situation.
Je pourrais entamer une grève de la faim en protestation contre ces vacances toutes beurk, mais j’ai déjà commencé involontairement, entre moi malade et tous les examens que le docteur me fait passer. Examens pour lesquels il faut être à jeun, bien sûr. Je suis sûre que quelque part dans le corps humain il doit y avoir une petite échelle lumineuse qui indique le niveau de tes réserves. Genre vert si t’en as plein, rouge+signal sonore si t’en as aucune (e.g. Nicole Richie). Si ça se trouve, mes réserves à moi sont déjà dans l’orange, voir même quasi rouge. J’ai fait part à M. de mes inquiétudes légitimes. Comme de juste, elle a eu une réaction très maternelle : « ahahah, ça risque pas d’arriver ». Toujours plus vite que toi et tes 3 bourrelets, ça c’est sûr. Bref, tout ça pour dire que mardi j’avais prise de sang à 8h. Je me lève (se lever pour une prise de sang à 8h pendant les vacances, quoi de plus motivant ?)et me dirige vers la cuisine. Et là le gravement déplumé surgit de la salle de bains comme un diable de sa boîte et me dit : « je te rappelle que tu dois pas manger de matières grasses. Mais tu peux manger du pain sec et boire du thé ». Franchement, on se demande combien de temps il était resté dans la douche pour croire que j’allais petit-déjeuner avec ça ? 18 ans, peut-être ? En plus à la prise de sang l’infirmière avait une stagiaire qui s’émerveillait sur mes veines : « oh mais comme on les voit bien ! Elles sont belles ! Je peux toucher ? » Et après on s’étonne que certains aient peur de l’hôpital !
Mais c’était pas fini. Aujourd’hui j’avais écographie abdominale à 16h15. Je pouvais plus manger à partir de 11h30. Comme de juste, j’ai complètement oublié de manger avant (faut dire que rosbeef-mayonnaise à 10h, ça me dit moyen). Donc à 16h15 j’avais méchamment faim. J’arrive dans la pièce, l’infirmier me dit d’enlever mes vêtements et d’enfiler ça à la place. « ça » c’était la traditionnelle blouse verte ouverte dans le dos ; pas de bol, elle m’arrivait aux chevilles (je suis pas sûre que ça soit le cas, normalement). Je m’allonge sur la table d’examens, il me remonte la blouse sous le menton, coince une serviette en papier dans l’élastique de ma culotte et s’en va sans dire un mot. Bon. Oh tiens, il y a une trappe au plafond ; j’espère que c’est pas celle d’évacuation d’urgence, parce qu’elle a l’air sévèrement boulonnée. Trois mille ans plus tard, le médecin arrive enfin pour me faire l’écographie. Il m’a même montrée mon foie et ma rate sur l’écran ; ou plutôt il m’a montrée des formes bizarres et je l’ai cru sur parole quand il les a identifiés. Et il a conclu en me disant que tout avait une très joli forme, foie et utérus inclus. C’est quoi, je vous le demande un peu ? la semaine du compliment tordu ?

Monday, August 4, 2008

le charme de la pêche à la carpe un jour de pluie

Il a plu tout le week-end, et il pleut encore depuis ce matin, et il a fallu que j'aille déloger le chat trempé en haut de l'armoire (ça doit bien le faire rire, quand même, de me voir gesticuler perchée sur un tabouret pour l'attraper. Si ça se trouve, c'est uniquement pour ça qu'il monte en haut de l'armoire, et pas du tout pour y dormir).
Week-end à Sens, donc. Nous avons eu l'honneur de rencontrer le seul, le vrai, l'unique, que j'appelerai ici Bidule par un souci d'anonymat. Alors comment dire ? le jour où je ramène un modèle similaire à la maison, assure-toi immédiatement que je me suis pas faite une commotion cérébrale récemment (en courant après le bus, par exemple - ah non, ça y'a que toi qui y arrive ^^). Si c'est pas le cas, tape-moi dessus très rapidement que je reprenne mes esprits au plus vite. Blague qu'il nous a sortis ce week-end : (Philippe venait de nous donner des concombres) "les concombres, ça vient du coeur et ça finit dans le --" merci tais-toi maintenant (déjà qu'avant les concombres j'aimais moyen, maintenant je pourrais plus m'empêcher d'y repenser à chaque fois...). Je crois que ça dit tout sur le personnage. J'ajouterai juste qu'il venait de passer sa nuit à pêcher la carpe (et moi qui posais des questions à table pour être polie ; ma bonne éducation ressurgit toujours aux moments les moins opportuns, vraiment)...
et maintenant, un choix cornélien s'offre à moi : Angélique ou TWW ? (d'ailleurs, j'avais acheté Volver en DVD et je l'ai toujours pas regardé ; tu veux que je t'attende ?)

Friday, August 1, 2008

trivia

j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac j'ai mon sac

(et j'ai rien à faire, au cas où c'était pas évident)

soirs d'été

Il y a des habitudes qui ne changent pas. A la maison, c’est celle de s’asseoir sur le perron l’été le soir. C’est forcément l’été : la porte de devant est ouverte, la voisine va passer nous dire bonsoir parce que c’est l’heure où elle s’ennuie, Papa mange de la glace au café, Maman a trop chaud. C’est forcément le soir : le chat est rentré et observe la rue depuis le premier étage, Papa s’endort sur le banc, Maman ne se plaint plus de la chaleur parce qu’il commence enfin à faire frais, et nous attendons que le lampadaire juste en face de la maison s’allume pour pouvoir continuer de lire. J’aime bien cet instant, quand il fait trop sombre pour lire sans lumière, mais que le lampadaire est encore éteint. Il y a toujours cette légère hésitation : est-ce que ce soir encore, la ville allumera l’éclairage public ? bien sûr que oui, d’ailleurs ; je ne me souviens pas d’une seule soirée où ce luminaire serait resté éteint.
Parfois des gens viennent nous tenir compagnie. La voisine, donc, quand elle est là et qu’elle s’ennuie ; elle passera le reste de la soirée à nous raconter des anecdotes de l’époque où elle était agent immobilier. Ou des visiteurs, quand il y en a ; te souviens-tu que, la veille de ma communion (privée ou solennelle, d’ailleurs ?), vous étiez restés à parler avec les gens déjà arrivés dehors, longtemps après que je sois allée me coucher (ça devait être ma communion privée, pour que je me couche si tôt).
Mais la plupart du temps, nous sommes seuls, juste tous les quatre. Papa est assis sur le banc et fait semblant de lire un magazine ; mais en fait, il est juste en train de s’endormir, et ne va pas tarder à aller se préparer un chocolat qu’il boira juste avant d’aller se coucher. Invariablement, Maman interrompra sa lecture pour lui dire «qu’il n’a pas vraiment besoin de ça », puis retournera lire le Figaro, dont elle nous infligera parfois la lecture orale des passages les plus scandaleux. Mais personne ne l’écoute, c’est aussi une tradition estivale.
Et nous deux, nous sommes assises sur le perron, et nous lisons les versions été de nos magazines habituels. Invariablement, Elle versera dans le magazine people (avec, cette année une rubrique psychologie ayant pour le moment débattu de « Georges Clooney est-il incasable » ou « Victoria Beckham est-elle juste une image ? ») tout mince (parce que, comme ils l’avaient expliqué une fois, « en été, votre magazine préféré fait lui aussi un régime) ; et il y a aura les traditionnels quatre romans courts qui, dès la rentrée, prendront la poussière sur un coin de mon bureau jusqu’aux prochaines vacances (mais cette année, ils ont été remplacés par un feuilleton d’AGA et une réécriture des fables de la Fontaine par Fonelle). Madame Figaro essayera de rester un peu plus sérieuse, en présentant chaque semaine une nouvelle inédite d’un écrivain qui publiera sans doute un roman à la rentrée littéraire ; et les premières pages d’un des romans de l’été. Bien sûr, dans les deux, on retrouvera les mêmes articles qui expliquent comment perdre 10kg l’été en se nourrissant de lait d’avoine et de quinoa cru, les mêmes questionnaires hebdomadaires plus ou moins drôles à un people pour savoir ce qu’il fait de ses vacances (ce qui nous permettra tout de même d’apprendre qu’Irina Lazzareazu se trouve « trop maigre, plus plate que plate et blanche comme une aspirine »), et les mêmes actrices qui auront posé sur une plage de Deauville ou de Cannes et détailleront à l’infini le contenu de leurs valises, où elles auront placé, quel heureux hasard, le maximum de produits de la marque dont elles sont égéries (Eva Green dans Madame Figaro : « je ne pourrais pas me passer de mon soutien-gorge en dentelle noir Dior, la crème or de vie de Dior et le parfum Midnight Poison ». De qui est-elle l’égérie ?).
Puis il commencera à faire trop frais, Maman se rappellera qu’elle travaille le lendemain et des ronflements discrets se feront entendre du côté du banc. On rentrera les journaux, on fermera la porte, le chat descendra à la cave et tout le monde ira se coucher. Mais c’est sans importance, parce que demain, nous passerons encore la soirée dehors, tant que le lampadaire voudra bien rester allumé et qu’il ne pleuvra pas.